mercredi 20 novembre 2013

Pause au milieu du NaNoWriMo

Le nano est supposé être un mois d'écriture. Cela dit, ça n'empêche pas les autres auteurs/ de faire des chaines et de taguer des autres.
Merci donc à Earane pour m'avoir livré le bébé ^^

1. Tentez-vous le NaNoWriMo pour la première fois cette année, ou aviez-vous déjà participé ?


Non, c'est mon 2e nano, l'an dernier ayant été ma première fois.


2. Comment avez vous découvert le NaNoWriMo ?


Par Cocyclics (quand toutes les grenouilles de votre entourage participent, ça donne envie) et par une de mes amies de mon école qui s'est pointée chez moi pendant la première semaine de novembre 2012 en me demandant si je faisais le NaNo (et elle a fini par me convaincre de craquer...)


3. Participez-vous pour gagner ou pour vous amuser ?


Pour avancer (que je fasse mon word count ou non) et aussi pour l'émulation qu'il y a autour, que ce soit dans la mare où toutes les grenouilles participantes s'échangent leurs avancées et se motivent entre elles, que dans les write-in avec d'autres nanoteurs. 
Je dirais que ce qui compte, c'est d'écrire des mots. Tant pis si ça ne fait pas 50kmots.

4. Êtes-vous à jour pour votre quota de mots ?


Oui puisque j'ai dépassé les 50kmots hier ^^ Mais mon roman est loin d'être fini (je pense que j'ai encore 20k à écrire) donc je vais profiter de l'émulation du nano pour continuer. Mais à mon rythme (1000 mots/jour et plus 1667 mots/jour)

5. Parlez un peu de votre roman à vos lecteurs (genre, titre et petit résumé, par exemple).

Finalement cette chaine tombe bien vu que je n'avais pas encore présenté mon nouveau projet ^^
Il s'intitule Grèves/Winter Time et il s'agit d'urban fantasy humoristique

Tout irait bien pour Thibaut si des faes ne faisaient pas constamment irruption dans sa vie. Mais voilà que sa petite amie lui ramène un chat de feu abandonné en croyant qu'il ne s'agissait que d'un banal chaton et que l'esprit de l'hiver vient squatter en personne son canapé.
Parce qu'être le sosie d'un fae hyperactif à tendances dépressives ça n'apporte jamais rien de bon...


6. Est-ce que quelque chose de fou s’est déjà passé pendant ce NaNo ? Des retournements de situations inattendus ?


Hum... mis à part des personnages qui décident de sortir de mes plans machiavéliques d'auteure ? Non pas trop.


7. Est-ce que vos amis de la “vie de tous les jours” participent ?


Non mais ils sont au courant de ce que je fais en novembre, ce qui fait qu'ils me rappellent à l'ordre en cas de tentative de procrastinatrion

8. Quelle est votre meilleure technique pour vous obliger à écrire et arrêter de tout remettre à demain ?


La technique de la carotte: le word count d'écrit = une friandise à manger.
Plus sérieusement, je suis quelqu'un de très organisée par nature. Si je me dis que j'ai telle ou telle chose à faire pour un jour en particulier, je m'en occuperais (même si c'est galère). Le nano fait juste partie de mon emploi du temps. Par contre certains soirs, si je suis claquée, je remets au lendemain (mieux vaut ça que rester devant sa page word sans rien faire)

9. Que préférez-vous grignoter en écrivant ?

Du chocolat !!! Je bois aussi beaucoup de verveine et de thé au jasmin (surtout pendant mes séances au Colombus Café)

10. Qui taggez-vous ?
Je ne sais pas si elle fait le nano mais bon sait-on jamais ^^


mardi 19 novembre 2013

[extrait] Grèves chapitre 10

Un petit extrait pour la route ;)
Thibaut et Jack se sont retrouvés contraints de combattre des envoyés de l'esprit de l'été. Heureusement Ambre, Firinian et Kiera (une mystérieuse fae que Thibaut a rencontré quelques temps heures avant) viennent leur prêter main forte. Après le combat, la zone dans laquelle ils étaient réintègre le monde normal.
(au fait, Marika est le nom de la ville des faes).

Un nouveau tremblement nous fit chanceler. En regardant tout autour de moi, j’eus l’impression que l’entière création allait s’effondrer, que le sol allait se fracturer sous nos pas. J’avais beau savoir qu’il n’en était rien, ces idées continuaient à tourbillonner dans ma tête. Ambre glissa sa main dans la mienne mais je ne sus dire lequel de nous deux rassurait le plus l’autre. Avec son arme dans l’autre menotte, elle semblait si assurée mais en même temps, elle me crispait autant la paume que moi la sienne. Un fracas épouvantable provenait de tout autour de nous, comme si le parc de la Pépinière avait été un morceau de terre arraché au sol qui revenait à sa place initiale. Soudain, me tenir le bras ne fut plus suffisant. Ma copine et future femme se lova dans le creux de mes bras, je la laissais faire. Pourtant, encore une fois, la savoir présente, sentir sa chaleur à mes côtés, me rassurait surement plus qu’elle. Un bruit de verre brisé puis de roche broyée retentit de toute part, le sol continuant à vibrer. Même le ciel avait pris une teinte rose-violacée, contrastant avec le gris, couleur naturelle des cieux en Lorraine.
— Tu ne trouves pas que ça fait surréaliste, me glissa Ambre avec calme.
La remarque me fit sourire encore plus. Vu comme ça, avec un certain détachement, c’était vrai que cela pouvait conférer une certaine féérie au phénomène. Alors que le monde semblait s’effondrer autour de nous, nous en étions à disserter sur la beauté de l’instant, ensemble, réunis malgré nos différents ultérieurs.
— Je suis désolé pour tout à l’heure, en ai-je profité.
— La prochaine fois, essayes de ne pas me protéger, rétorqua malicieusement la vétérinaire. Tu t’en sortiras mieux.
J’étais sceptique sur ce point mais rien ne servait à ressasser le passé. Une dernière secousse mit fin au conflit autant qu’à l’isolement du parc. Déjà, les gens réapparaissaient, reprenant leur chemin comme si rien ne s’était passé. Ils marchaient ou courraient dans les allées sans se soucier de nous. Un gardien nous fit signe de partir, les animaux en libertés étant apparemment interdits en ces lieux. Il me fallut quelques minutes pour comprendre le sens de ses mots puis me souvint que Firinian devait apparaitre comme un banal chaton. Mieux valait parfois que les gens ignorent la vérité. D’un commun accord tacite, nous avons quitté le jardin pour reprendre le chemin de la ville. Le simple fait de passer les grilles du parc me fit réintégrer le tumulte d’un centre-ville un jour de soldes. Le son et le stress revinrent en force alors que l’instant d’avant, ils étaient inexistants, même sans la bulle dimensionnelle des faes. La magie qui opérait était surement l’une des rares qui soit admise ; celle d’une nature omniprésente, d’une source intarissable reprenant ses droits et s’imposant sans craintes. Notre petit groupe a marché pendant quelques minutes, traversant la place Stanislas pour ensuite délaisser ses dorures et se diriger vers la grande rue. Pendant notre trajet, j’ai profité que Jack et moi marchions un peu moins vite pour l’interroger sur Kiera. Les mystères entourant l’elfe me perturbaient profondément et j’avais le sentiment qu’elle serait liée au dénouement de ce problème d’été en grève et de fées en colères.
— Qui est elle réellement, ai-je demandé ?
— Kiera ?
L’esprit de l’hiver a haussé les épaules avec simplicité, marquant une pause dans le discours qu’il n’avait pas encore prononcé.
— C’est la fae de l’équilibre.
— ça n’explique pas qu’elle puisse apparaitre et disparaitre à tout moment.
J’étais sceptique. D’autant plus que le laconisme de mon sosie ne m’apprenait rien de plus que je ne sache déjà.
— Ce qu’elle t’a dit est vrai : Elle peut jouer avec la nature de l’espace.
Ça me semblait en contradiction avec sa fonction. Comment pouvait-on s’efforcer de garantir l’équilibre si l’on jouait en permanence avec lui, quitte à le transgresser en utilisant ses dons ? A mes mots, Jack gloussa d’un rire léger mais peu audible, de telle sorte que ni Ambre ni la concernée ne nous entendirent. Cependant, dès qu’il reprit la parole, son ton redevint sérieux.
— L’instabilité se répercute sur son mental. Plus elle trompe la réalité régulièrement, moins elle devient fiable. Son travail est d’arrêter les faes qui mettent en péril notre communauté mais la vérité est qu’elle est la plus dangereuse d’entre nous pour ça.
La curiosité prit alors le dessus par rapport à mon anxiété concernant l’elfe.
— Qu’est ce qui se passe dans ce cas ?
Jack lança un léger coup d’œil en direction des deux femmes puis reprit, plus bas et beaucoup plus grave.
— N’importe quoi. Toutes les grosses crises mondiales sont plus ou moins reliées à elle. Si l’équilibre est rompu, sa détresse se communique à n’importe quel être vivant, sous n’importe quelle forme. Agressivité, peur de l’autre, crash économiques, mécontentement global… Tout y passe.
Encore une fois, les maux du monde semblaient de nouveau être forcément liés aux dérivées d’un fae. J’avais beau savoir qu’ils s’attachaient tous à éviter de tels désastres, je ne pouvais m’empêcher de penser que leur contrôle avait des effets néfastes pour les mortels. Soudainement, j’avais moins envie de titiller l’elfe qui s’était invitée à ma table et encore moins de lui réclamer les cinq euros que j’avais avancés pour payer son cocktail.
— Vous avez une drôle de façon de confier vos hautes responsabilités à Marika…
Jack haussa les épaules. Il n’était pas vraiment responsable de tout cela, sa flemme mis à part. Cependant, il embraya très vite sur un autre sujet.
— Je suppose que c’est elle qui t’a dit que je devais affronter Lola ?
— Oui.
J’ai profité de l’occasion pour lui raconter tout ce que je savais sur ce problème de grèves de l’été : la poudre onirique, l’esprit des rêves, la consommation de sa cochonnerie par les fées et la saison fautive… En l’espace de quelques minutes, je lui résumais ma conversation avec Kiera, à la fin desquelles mon sosie s’arrêta, laissant les filles prendre encore plus de distance.
— Elle n’a pas tort…
Mécaniquement, j’ai acquiescé de nouveau. Pourtant, je me doutais que Jack n’allait pas se résigner sans rien faire. Ça ne lui allait pas. Il faisait partie de ces personnes qui luttaient jusqu’au bout pour se complaire dans leur état. Il fallait qu’il combatte pour son idéal de procrastination !
— Mais ?
Un long silence s’abattit entre nous.

— J’ai peur d’y aller.


Pour ceux qui m'ont taggués récemment pour une chaine, je m'occuperais de répondre à ça un peu plus tard mais je répondrais ^^

dimanche 3 novembre 2013

[extrait Grèves/Winter time] Chapitre 4

Un petit extrait de Grèves. Le midi, Thibaut a découvert chez lui que son sosie, Jack/l'esprit de l'hiver, avait fait sauter sa serrure et s'était endormi sur son canapé. Thibaut revient le soir, après son travail, en espérant que son squatteur se sera réveillé...

Avant de presser la poignée de ma porte, j’ai soupiré, prié pour que les deux faes aient mis les voiles. Mais rien ne servait d’attendre plus longtemps. J’ouvris la porte, l’esprit embrumé par une pointe de défaite. Alors que je défaisais mes chaussures, un bruit de boutons pressés et d’une petite musique me parvint. Puis quelques jurons. J’ai avancé, pieds nus, jusqu’au salon pour découvrir Jack jouant à la console, avachi sur le canapé. Cette vision d’un homme focalisé sur son jeu me frappa. Etait-ce donc à cela que je ressemblais lorsque je m’abandonnais aux joies du gaming ? Tout concordait, jusqu’aux sablés mêmes, que le fae dégustait avec allégresse. Cette image avait quelque chose de schizophrénique, d’autant plus que mon reflet ne m’avait toujours pas remarqué.
Ce premier stade dépassé, une vague d’indignation s’empara de moi. De quel droit l’hiver venait-il utiliser ma console et manger mes gâteaux ? Non ! Ça ne se passerait pas ainsi ! Imitant Ambre lorsqu’elle me trouvait dans une pareille situation, je me suis placé devant l’écran.
— He ! Je ne vois plus rien !
Et en plus j’avais l’impression de m’entendre… Désespérant. Avec le temps, j’avais espéré qu’une différence s’installerait entre nous deux mais pour l’instant, toujours rien.
— ça va ? Tu n’as pas l’impression de squatter ?
Je n’avais pas envie d’être gentil avec Jack. A vrai dire, je commençais même à regretter de ne pas l’avoir vendu à Tirki. L’esprit a levé ses yeux bleu clair sur moi, l’air innocent.
— J’adore ton appart ! Lança-t-il.
Toute la bonne humeur qu’il projetait ricocha sur moi, sans prendre racine. Parce qu’en plus il pensait vraiment que ça allait prendre ? Son charme opérait avec la plupart des gens mais pas avec moi.
J’ai pris une grande inspiration. M’énerver ne servirait à rien. Surtout pas avec le dilettante qui me faisait face. Ok. Rester calme. Ne pas le frapper avec le premier bibelot qui me tomberait sous la main. Calme. Zen. Ne pas imaginer cet idiot dégager. Ne pas essayer de le passer par la fenêtre.
— Reprenons, ai-je commencé. Salut Jack ! Ça fait longtemps !
Un instant de silence s’est installé, de telle sorte que j’ai considéré que je pouvais continuer impunément : que faisait-il par ici ?
— T’es pas supposé travailler dans l’hémisphère Sud pendant l’été ?
Jack secoua la tête. Son labeur dans une partie du monde se répercutait dans l’autre partie, de telle sorte qu’il n’avait à gérer les saisons que pendant une période de l’année.
— Je peux donc m’amuser pendant le reste du temps ! conclut-il.
Son ton enfantin me rappela que malgré son physique, le fae n’était rien de plus qu’un gosse dans l’âme. Etait-il seulement sérieux au moins une fois dans l’année ? J’avoue que je n’arrivais même pas à me l’imaginer, posé et réfléchi.
— Et qu’est ce que tu fais ici ? Ai-je insisté.
L’esprit de l’hiver a posé ses grands yeux bleu pâle sur moi, gorgés d’interrogation.
— Bah tu le vois bien non ? Je joue à ta console. D’ailleurs t’as vraiment des bons jeux.
Venant de n’importe qui d’autre, j’aurais pris ça pour une insulte à mon intelligence. Mais de la part de Jack… Je n’étais même pas sûr qu’il m’ait répondu ainsi pour me vexer ou dans le but de se moquer de moi.
— Tu vas me dire que tu es venu jusqu’ici pour profiter de ma Xbox ?
En le voyant hocher la tête, j’ai cru que j’allais le frapper. Sa bouille de gosse innocent me bluffait. Mais qu’importe. S’il ne se trouvait ici que pour cela, ça me faciliterait la tâche. Soudain, le fae se mit à pouffer de rire. J’en étais sûr ! Il se fichait de moi depuis le début. Et comme un idiot, j’avais marché.
— Tu devrais voir la tête que tu fais, rigola-t-il en mimant mon expression : un mélange d’air perplexe et de colère.
Au moins, je visualisais parfaitement la scène, même si elle ne me plaçait pas sous mon meilleur jour. En prenant conscience d’avoir l’air idiot, je me suis empressé de reprendre un air plus neutre, sans cesser de fixer mon sosie. Après quelques minutes de silence, il finit par craquer, posa sa manette et se leva pour se mettre à mon niveau.
— Désolé d’avoir abusé.
Ses traits avaient pris un air qu’il ne devait pas souvent utiliser. Le gamin fit place à un adulte. Enfin si ces termes pouvaient s’appliquer à un fae tel que lui. Pourtant, face à moi, je sentais bien qu’il faisait des efforts pour garder la face. Tout dans sa gestuelle, qu’il s’agisse de son trémoussement ou des ongles qu’il se rongeait, rappelait l’enfant impatient et hyperactif qu’il était. Vu comme ça, même ses excuses semblaient fausses, comme forcées. J’ai haussé les épaules. Qu’il se reconnaisse des torts me changeait de l’habitude. Je n’allais pas l’enfoncer encore plus.
— J’ai des ennuis…
Ça je m’en doutais. D’aussi loin que je me souvienne, Jack avait toujours été synonyme de problèmes à venir. Qu’il tente d’embêter mes autres ou qu’il joue la carte du sérieux, les ennuis le suivaient allègrement.
J’ai soudain pris conscience d’être toujours plantée devant la télévision. Je ne pouvais pas rester ainsi, sans bouger. Sans parler du fait que mes jambes me réclamaient un peu de repos. Tirant une chaise, j’ai invité Jack à s’asseoir en même temps que moi, tout en lui proposant quelques cacahouètes qu’il accepta sans se faire prier. J’avais l’impression que le récit de ses mésaventures allait prendre du temps.
— Qu’est ce que t’as fait ? Ai-je finalement demandé.
Toute trace de mécontentement avait déserté ma voix, laissant place à l’indulgence. Après tout, je n’étais pas pressé. Il fallait juste que le fae ait quitté les lieux avant le retour d’Ambre, c’est-à-dire dans quelques heures.
— Pour une fois, c’est pas moi le problème.
J’avais du mal à le croire mais pourquoi pas ? Après avoir vu des « bonnes fées » renier leurs idéaux, tout pouvait être possible.
— L’été s’est mis en grève.
Mes sourcils se sont froncés devant cette affirmation loufoque. Depuis quand une saison pouvait-elle faire grève ? Si j’en croyais ce que Firinian m’avait dit quelques heures plus tôt, ça aurait provoqué des désordres météorologique trop compliqués pour les faes aient envie de les gérer. Et puis d’aussi loin que je me souvienne, il ne faisait pas si moche. D’accord, quelques brises venaient rafraichir l’air, mais pas de quoi en faire un drame. On avait déjà vu pire. Cependant, Jack secoua la tête, toute trace de plaisanterie ayant déserté son visage. J’ai frissonné. Finalement, ce n’était pas tant la perspective qu’une saison manque à ses devoirs qui m’inquiétait mais plutôt le fait de voir le fae le plus flemmard du lot devenir soudainement sérieux.
— Son absence va avoir des répercussions sur tous les cycles saisonniers à suivre, poursuivit-il d’une voix grave qui ne contenait pas la moindre trace de plaisanterie.
Définitivement, ça ne lui allait pas. Tant de sérieux ne collait pas au personnage.
— Depuis quand te soucies tu de l’équilibre du monde ? Ai-je lâché d’un ton presque moqueur.
— Depuis que je suis obligé d’assurer la permanence…
Bien sûr. J’aurais dû m’en douter. Cet élan d’altruisme ne lui ressemblait pas. Dans un sens, ça me rassurait. Jack n’avait pas complètement changé de comportement. Il restait ce même glandeur égoïste qui ne pensait qu’à la farniente et à l’amusement. Ceci étant dit, je ne comprenais pas pourquoi il avait à assurer la permanence.
— Le Printemps et l’Automne ne peuvent pas allonger un peu leurs périodes de travail au lieu de faire deux hivers ?
— Ces deux amoureux sont partis en lune de miel.
Je pouvais presque sentir une pointe de dégoût dans sa voix. Le fae souffrait-il de jalousie ?
— Comment ça ?
Il leva les yeux au plafond, détaillant pendant quelques minutes les lézardes qui y couraient. Toutes mes tentatives pour les réparer s’étaient soldées par des blessures ou des échecs cuisants, de telle sorte que j’ai fini par arrêter. Un jour, une partie du plâtre s’effondrerait mais j’espérais être parti avant. Oi ! Moi aussi j’étais égoïste. Au même titre que mon sosie. J’ai cligné des yeux, modifiant partiellement mon avis sur lui. Je savais que j’avais tendance à juger les gens très facilement. Déformation professionnelle. Cela dit, ça ne changeait pas le fait que je voulais le voir partir. Mais cette histoire de saisons stimulait la curiosité dormante en moi.
— Aislinn et Damien ont décidé il y a bien longtemps de quitter l’office de la maison des saisons hors de leurs périodes de travail. Ils sont partis dès le solstice et ne reviendront qu’à l’équinoxe…
Le schéma commençait à se dessiner dans ma tête ; les éléments du puzzle s’assemblaient pour donner un premier motif, surement incomplet mais assez clair pour en percevoir les formes générales. Deux saisons en vacances, la responsable en grève… Et Jack au milieu. Pas besoin de s’appeler Sherlock pour comprendre les problèmes de l’esprit de l’hiver.
— Donc tu te caches en attendant qu’on t’oublie ?
Il hocha la tête, son sourire enfantin de retour sur son visage. Je retrouvais l’homme à cause de qui j’avais été enlevé quelques années plus tôt.
— Je ne vais quand même pas faire des heures sup non plus !
— Et sur toutes les maisons du monde, c’est chez moi que tu viens te planquer…
J’ai plissé les yeux en parlant. Si seulement il pouvait comprendre que sa décision était stupide et partir avant qu’Ambre ne débarque.
— Disons que…
En le voyant hésiter, j’ai compris qu’il cherchait une excuse plausible. Une de celles qui ne me feraient pas bondir. A vrai dire, je le sous estimais. Jack me connaissait autant que je le connaissais.
— Euh… Je me suis dit que ça faisait longtemps que je n’étais pas passé te voir…
Irrécupérable. Je ne trouvais pas d’autre mot pour le qualifier. Et pourtant, une partie de moi avait envie de rire avec lui de sa bêtise, de rester léger sur un thème que je prenais peut être trop au sérieux.
— Tu ne t’es pas dit que tes potes de l’office de la maison des saisons auraient la même idée ?

— Hem… Non. Pourquoi ? Ils sont venus pendant que j’hibernais ?