dimanche 26 janvier 2014

[lectures] L'Elu de Milnor, Sophie Moulay

Titre: L'Elu de Milnor tome 1 la fuite d'Almus
Auteur: Sophie Moulay
Editeur: Petit Golem
Nombre de pages: 146 (en ebook convertit en pdf)


Quatrième de couverture:
"L’Élu aura les yeux verts et trois grains de beauté disposés en triangle équilatéral."

Comment s’étonner qu’avec ces maigres indices, les Sages aient mis si longtemps à trouver l’enfant dont les fabuleux pouvoirs sauveront le monde ? L’Élu s’appelle Almus et a tout à apprendre. 

Qu’importe, les Sages ont réussi.

Onze ans plus tard, ils découvrent qu’ils se sont trompés de personne.

A lire si on cherche:
- les personnages vrais et attachants
- les bons romans d'aventure

A éviter si on cherche:
- un récit ultra sérieux

L'avis de la critique:
Qu'on soit d'accord, je suis une lectrice papier. Lire de longs textes sur ordinateur me fatigue énormément et le roman dont je vais vous parler aujourd'hui fait partie de ceux qui me tentaient mais que je ne pouvais pas me procurer directement en version papier (du moins je le croyais jusqu'à récemment). Et puis cet été, par pur hasard, j'avais fait le plein d'ebooks gratuits pour occuper mes longues journées pendant mon stage. La fuite d'Almus faisait partie de ce lot mais je ne l'ai pas lu tout de suite, pour je ne sais plus quelle raison. Mais pendant les vacances de Noel, je suis retombée sur le dossier où j'avais rangé tous ces romans et j'ai profité de l'occasion pour lire quelques pages du premier tome de l'Elu de Milnor. Enfin quelques pages, c'est vite dit parce que les mésaventures d'Almus m'ont happée dans cet univers tant et si bien que j'ai dévoré le roman d'une traite, me faisant oublier que j'étais assise avec mon ordi sur les genoux et non avec un livre papier entre les mains.

Mais alors de quoi il parle ce roman allez vous me demander ? Il raconte le début des aventures d'Almus. Almus c'est le garçon que les Sages ont pris pour l'Elu pendant des années. Du jour au lendemain sa vie s'effondre. Il faut bien comprendre qu'Almus n'a appris qu'une seule chose dans sa vie: à être Elu. Il est très calé en certaines langues et en magie (ou du moins la théorie vu qu'il n'est plus l'Elu) mais toutes les choses de la vie pratique lui sont presque inconnues. Aussi lorsqu'il décide de quitter la demeure des Sages pour rentrer dans sa famille, notre jeune héros plonge dans les ennuis. Cependant, c'est aussi dans son pétrin qu'il va rencontrer des amis pour l'aider dans son périple.

Mais ce qui fait la force de ce roman, c'est le réalisme de l'univers. Tous les personnages sont forts et réels, même les personnages secondaires ou ceux que l'on apprécie pas forcément (comme Sa Majesté). Quant à nos héros, s'ils sont intéressants, ce n'est pas parce qu'ils ont des dons ou de grandes connaissances. C'est parce qu'ils sont attachants et réalistes encore une fois. Almus, Pil et les autres évoluent (et je suppose qu'ils sont appelés à évoluer encore plus dans la suite de leurs aventures), ce sont de véritables enfants/ados qu'on a en face de nous, pour le plus grand bonheur du lecteur. Ils ont conscience d'être insignifiants face au reste du monde mais cela ne les empêche pas pour autant d'essayer d'agir, à leur échelle (comme le dit si bien Almus d'ailleurs : "Cette conversation fit comprendre à Almus que même s’il n’était plus l’Élu et n’avait plus de pouvoirs, il n’était pas pour autant déchargé de toute responsabilité envers autrui. Il ne sauverait pas Milnor, certes, mais il pouvait contribuer à changer les choses à son échelle"). Belle morale non ?

Enfin, le roman traite de fantasy avec un point de vue original: d'habitude les histoires commencent toujours avec un personnage habitant dans je ne sais quel coin perdu de la cambrousse et qui apprend qu'il est l'élu recherché par des sages/une déesse/un magicien/une prophétie (rayer la mention inutile ou remplacez selon l'histoire). Là, on part un peu de la fin. Les Sages ont déja trouvé l'Elu (ou du moins, croient l'avoir trouvé). Et puis honnêtement, dans les aventures de fantasy traditionnelles (je ne parle pas que de romans, ça marche aussi pour les films et les jeux vu que le schéma dont je parle est assez répandu maintenant), est ce que je suis la seule à m'être déja imaginée la scène où on vient dire au héros élu qu'on suit depuis 3 tomes/films que bah... en fait il est pas l'élu et au revoir (et qu'il peut retourner à ses problèmes de paysans) ? Finalement, c'est ce qui arrive à notre cher Almus, dès les premiers chapitres (d'où l'originalité de ce roman).

Le petit plus ?
Les pointes d'humour dispersées dans tout le roman, apportant de la fraicheur et encore plus de saveur au récit. 
Petit bonus: le tome 1 est gratuit en ebook donc n'hésitez plus !

mercredi 22 janvier 2014

De mon choix des personnages

Cet article résulte d'un coup de gueule suite à des remarques que j'ai eues cette semaine. Bon ce n'est pas la première fois, et je pense que ça ne sera pas non plus la dernière (et je pense que je ne suis surement pas la seule par ici à y avoir eu le droit...). Je m'explique: une "légende urbaine" (surement relayée par quelques médias, films/séries ou même romans) stipule que les auteurs s'inspirent ouvertement de leur entourage pour leurs personnages. Vrai ou faux, je ne vais pas entrer dans ce débat. En ce qui me concerne, si je le fais, c'est inconscient. 

Bon, je râle mais moi aussi cette image me fait rire. Tout le monde a besoin d'un exutoire... Pour les auteurs c'est l'écriture 
Mais du coup, ça m'a permis de réfléchir à ma façon de choisir mes personnages quand j'écris et c'est de ça dont je vais vous parler.

Du choix d'un personnage principal (ou de plusieurs principaux):
La construction d'un personnage principal pour un de mes romans est souvent en plusieurs étapes. En général, ses caractéristiques grossières me viennent en même temps que l'idée de l'histoire. Par caractéristiques grossières, j'entends quelques traits du personnage qui sont enchevêtrés dans l'histoire. Je ne suis pas claire ? Avec un exemple, ça devrait mieux passer

Pour Grèves, le dernier premier jet que j'ai achevé, l'idée de base que j'ai eu pour l'histoire c'était "l'esprit de l'hiver vient squatter le canapé de son sosie humain (qui, dans son enfance, a été enlevé par des faes l'ayant confondu justement avec la Saison)". Dans ce premier pitch, j'ai une ébauche grossière de Thibaut, le héros de ce projet. Cette ébauche, ce sont les éléments sans lesquels l'histoire ne pourrait pas avoir lieu. En effet, si Thibaut n'avait pas été le sosie de l'hiver, il n'aurait pas été enlevé pendant son enfance par des faes donc il n'aurait jamais vu les faes sous leur véritable forme (donc exit la rencontre avec Firinian, le chat de feu, ou avec les fées) et surtout il n'aurait jamais rencontré Jack, l'esprit de l'hiver (donc celui-ci n'aurait jamais eu l'idée de squatter chez lui).

Mais c'est la même chose pour Elina de Derrière la tour. Sa caractéristique de base, c'est d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment, ce qui fait que Darion (le Prince des Portes qu'elle a eu le malheur de croiser) l'envoyer dans un autre monde.

Une fois que j'ai ça, c'est là que commence véritablement la construction du personnage. J'ai un squelette, il faut que je lui donne des muscles pour tenir debout et que je l'habille. Je dirais que si par hasard je devais m'inspirer de quelqu'un, c'est maintenant. Pendant cette période, j'imagine le physique de mon personnage, son passé, sa fonction dans l'univers, ses spécificités (si je ne les aies pas déja définies avant) et surtout, une partie de son caractère. C'est généralement pendant cette phase que je commence à penser aux grandes lignes de l'histoire, aux premières péripéties etc... Mais pas forcément de concert avec la création de mon/mes persos principaux.

Enfin, je joins les deux. Je commence le premier jet. Au fur et à mesure que j'écris, mon perso prend vie. Ce que j'ai fixé au début (notamment au niveau du caractère) peut évoluer, m'échapper (je sais que c'est dur à imaginer pour quiconque n'écrivant pas mais c'est vraiment comme ça...). C'est à la fois super et horrible pour moi: mes personnages prennent le pouvoir mais parfois peuvent évoluer d'une façon qui m'empêche, moi, auteure, de parvenir à rentrer de nouveau dans la tête de mon personnage. Parce que c'est un point crucial pour moi. Pour un perso principal, il faut que j'arrive à m'identifier un peu à lui pendant que j'écris, sinon Muse se met en grève. Attention, il y a une différence entre s'identifier à un personnage, lui trouver des affinités et se dire qu'on est ce personnage (je tiens à le préciser parce que j'ai déjà entendu des trucs du genre "ah en fait tu écris ça parce que tu aimerais bien être dans cette situation". Pour être clair, c'est pas du tout le cas... Je n'ai strictement aucune envie de vivre dans un monde post-apo, d'être envoyé dans un autre univers sans vraiment l'avoir choisi ou même de voir débarquer mon sosie et ses em***** dans mon salon. De la même façon, je ne suis pas (et n'ai pas envie d'être) Elina, Roanne, Nermie ou d'autres d'entre eux). Mais si je n'arrive pas à faire cette "identification" pendant que j'écris, la magie n'opère pas (comprendre: ma Muse hyperactive part dormir). Je n'arrive pas à faire avancer l'histoire parce que je n'arrive pas à deviner ce que mon personnage pourrait faire dans la situation présente.
Pour la petite anecdote, ça m'est déja arrivé sur un projet dont j'avais fait le syno complet, ultra détaillé, dans un monde que j'avais détaillé à fond. Mais au bout d'un chapitre, mon "héros" était ingérable et surtout je n'arrivais pas du tout à avancer, à cause de ce problème "d'identification". Résultat, après avoir essayé de continuer (je m'y suis prise à plusieurs fois, j'ai même essayé de forcer mon personnage principal), j'ai abandonné le projet.

Cela dit, c'est cette étape où le personnage s'émancipe que je trouve la plus intéressante parce que c'est à cet instant que mes protagonistes deviennent "réels". A mes yeux, c'est à la fois merveilleux et flippant (à chaque instant, les choses peuvent évoluer et me bloquer mais c'est le jeu ^^ ).


Et les personnages secondaires alors ?
Je ne les oublies pas non plus. La plupart du temps, leur base me vient comme pour leurs collègues principaux: au travers de fonctions qui servent l'intrigue. L'habillage est à peu près similaire, mis à part que je ne descend pas aussi profondément. Des fois ça arrive mais ça signifie que mon personnage secondaire essaye d'usurper une place de perso principal et qu'il finira surement par gagner (c'est le cas d'Ambre et de Kiera dans Grèves ou d'Ambrose dans Derrière la tour).

J'ai surement tort de ne pas descendre plus profondément mais j'ai tendance à laisser cette tâche pour les corrections, histoire de savoir où je vais.
Après, si vous avez d'autres techniques, je suis toute ouïe !