mercredi 22 janvier 2014

De mon choix des personnages

Cet article résulte d'un coup de gueule suite à des remarques que j'ai eues cette semaine. Bon ce n'est pas la première fois, et je pense que ça ne sera pas non plus la dernière (et je pense que je ne suis surement pas la seule par ici à y avoir eu le droit...). Je m'explique: une "légende urbaine" (surement relayée par quelques médias, films/séries ou même romans) stipule que les auteurs s'inspirent ouvertement de leur entourage pour leurs personnages. Vrai ou faux, je ne vais pas entrer dans ce débat. En ce qui me concerne, si je le fais, c'est inconscient. 

Bon, je râle mais moi aussi cette image me fait rire. Tout le monde a besoin d'un exutoire... Pour les auteurs c'est l'écriture 
Mais du coup, ça m'a permis de réfléchir à ma façon de choisir mes personnages quand j'écris et c'est de ça dont je vais vous parler.

Du choix d'un personnage principal (ou de plusieurs principaux):
La construction d'un personnage principal pour un de mes romans est souvent en plusieurs étapes. En général, ses caractéristiques grossières me viennent en même temps que l'idée de l'histoire. Par caractéristiques grossières, j'entends quelques traits du personnage qui sont enchevêtrés dans l'histoire. Je ne suis pas claire ? Avec un exemple, ça devrait mieux passer

Pour Grèves, le dernier premier jet que j'ai achevé, l'idée de base que j'ai eu pour l'histoire c'était "l'esprit de l'hiver vient squatter le canapé de son sosie humain (qui, dans son enfance, a été enlevé par des faes l'ayant confondu justement avec la Saison)". Dans ce premier pitch, j'ai une ébauche grossière de Thibaut, le héros de ce projet. Cette ébauche, ce sont les éléments sans lesquels l'histoire ne pourrait pas avoir lieu. En effet, si Thibaut n'avait pas été le sosie de l'hiver, il n'aurait pas été enlevé pendant son enfance par des faes donc il n'aurait jamais vu les faes sous leur véritable forme (donc exit la rencontre avec Firinian, le chat de feu, ou avec les fées) et surtout il n'aurait jamais rencontré Jack, l'esprit de l'hiver (donc celui-ci n'aurait jamais eu l'idée de squatter chez lui).

Mais c'est la même chose pour Elina de Derrière la tour. Sa caractéristique de base, c'est d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment, ce qui fait que Darion (le Prince des Portes qu'elle a eu le malheur de croiser) l'envoyer dans un autre monde.

Une fois que j'ai ça, c'est là que commence véritablement la construction du personnage. J'ai un squelette, il faut que je lui donne des muscles pour tenir debout et que je l'habille. Je dirais que si par hasard je devais m'inspirer de quelqu'un, c'est maintenant. Pendant cette période, j'imagine le physique de mon personnage, son passé, sa fonction dans l'univers, ses spécificités (si je ne les aies pas déja définies avant) et surtout, une partie de son caractère. C'est généralement pendant cette phase que je commence à penser aux grandes lignes de l'histoire, aux premières péripéties etc... Mais pas forcément de concert avec la création de mon/mes persos principaux.

Enfin, je joins les deux. Je commence le premier jet. Au fur et à mesure que j'écris, mon perso prend vie. Ce que j'ai fixé au début (notamment au niveau du caractère) peut évoluer, m'échapper (je sais que c'est dur à imaginer pour quiconque n'écrivant pas mais c'est vraiment comme ça...). C'est à la fois super et horrible pour moi: mes personnages prennent le pouvoir mais parfois peuvent évoluer d'une façon qui m'empêche, moi, auteure, de parvenir à rentrer de nouveau dans la tête de mon personnage. Parce que c'est un point crucial pour moi. Pour un perso principal, il faut que j'arrive à m'identifier un peu à lui pendant que j'écris, sinon Muse se met en grève. Attention, il y a une différence entre s'identifier à un personnage, lui trouver des affinités et se dire qu'on est ce personnage (je tiens à le préciser parce que j'ai déjà entendu des trucs du genre "ah en fait tu écris ça parce que tu aimerais bien être dans cette situation". Pour être clair, c'est pas du tout le cas... Je n'ai strictement aucune envie de vivre dans un monde post-apo, d'être envoyé dans un autre univers sans vraiment l'avoir choisi ou même de voir débarquer mon sosie et ses em***** dans mon salon. De la même façon, je ne suis pas (et n'ai pas envie d'être) Elina, Roanne, Nermie ou d'autres d'entre eux). Mais si je n'arrive pas à faire cette "identification" pendant que j'écris, la magie n'opère pas (comprendre: ma Muse hyperactive part dormir). Je n'arrive pas à faire avancer l'histoire parce que je n'arrive pas à deviner ce que mon personnage pourrait faire dans la situation présente.
Pour la petite anecdote, ça m'est déja arrivé sur un projet dont j'avais fait le syno complet, ultra détaillé, dans un monde que j'avais détaillé à fond. Mais au bout d'un chapitre, mon "héros" était ingérable et surtout je n'arrivais pas du tout à avancer, à cause de ce problème "d'identification". Résultat, après avoir essayé de continuer (je m'y suis prise à plusieurs fois, j'ai même essayé de forcer mon personnage principal), j'ai abandonné le projet.

Cela dit, c'est cette étape où le personnage s'émancipe que je trouve la plus intéressante parce que c'est à cet instant que mes protagonistes deviennent "réels". A mes yeux, c'est à la fois merveilleux et flippant (à chaque instant, les choses peuvent évoluer et me bloquer mais c'est le jeu ^^ ).


Et les personnages secondaires alors ?
Je ne les oublies pas non plus. La plupart du temps, leur base me vient comme pour leurs collègues principaux: au travers de fonctions qui servent l'intrigue. L'habillage est à peu près similaire, mis à part que je ne descend pas aussi profondément. Des fois ça arrive mais ça signifie que mon personnage secondaire essaye d'usurper une place de perso principal et qu'il finira surement par gagner (c'est le cas d'Ambre et de Kiera dans Grèves ou d'Ambrose dans Derrière la tour).

J'ai surement tort de ne pas descendre plus profondément mais j'ai tendance à laisser cette tâche pour les corrections, histoire de savoir où je vais.
Après, si vous avez d'autres techniques, je suis toute ouïe !

1 commentaire:

  1. Je suis surprise des remarques qu'on a pu te faire. Et je trouve qu'à nouveau, c'est tomber dans le cliché de tirer de telles conclusions sur les auteurs. Et c'est énervant. Bref, tu as raison de pousser un "coup de gueule". Et moi je trouve que tu fonctionnes d'une manière très chouette (et je procède un peu aussi ^^)

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