[extrait - Derrière la Tour] Le concile des Princes

Voila un petit extrait du chapitre 16 de Derrière la tour. Elina doit faire face à l'assemblée des Princes des Portes, pour leur raconter sa rencontre avec Tero (un Prince un peu particulier)

Enjoy...

La terrienne ne savait plus rien. Elle était même à la limite de pleurer tant son corps la meurtrissait. Etait-ce le stress de la comparution qui la maltraitait ? Ou la présence de tous ces Princes ? Chacun de ses muscles hurlait son malheur tandis qu’elle tentait de rester debout face à ces douleurs diffuses dans l’ensemble de son corps. Presque au moment où elle allait poser la main sur la poignée de la porte, celle-ci s’ouvrit sur un homme de taille moyenne. Son regard sévère glaça Elina.

— C’est toi la Non-Alignée ? Tu es en retard.

Le cœur de la jeune femme s’emballa de stress. Elle eut à peine le temps de jeter un léger coup d’œil à Cylia avant que la porte ne les sépare. La française fit quelques pas dans un corridor avant de déboucher dans une sorte d’hémicycle. D’un rapide coup d’œil elle parvint à en évaluer un nombre de place équivalent à celui d’une centaine de places. Darion siégeait au centre, surement parce qu’il avait convoqué ce concile. Les autres Princes lui faisaient face, assis, dévisageant la nouvelle venue. Tous les regards convergeaient vers elle, brûlant de dégout et de mépris tandis qu’une atmosphère de peur planait dans la salle. Peut-être croient-ils que je vais leur prendre leur pouvoir maintenant ?

— C’est elle ton témoin Darion ?

Une femme dont les longues boucles de cheveux blancs se détachaient sur sa robe noire venait de se lever. Son visage aussi blafard que sa chevelure passait du seigneur de la tour à Elina.

— Ce qu’elle est ne change rien à ce qu’elle a vue Brianne !

La terrienne ne savait pas où se mettre dans cette salle si grande. A cet instant, elle aurait voulu se cacher, se transformer en petit furet pour se terrer dans le premier trou.

— Elina, viens et racontes nous ce qui s’est passé.

Elle voulait partir, courir le plus loin possible de ces Princes qui lui donnaient la nausée. Savaient-ils que leur présence la rendait malade ? Qu’elle était la première à vouloir éviter les contacts entre elle et eux ? Cependant, elle fit quelques pas dans la direction de Darion. Même si sa première rencontre avec lui avait été mouvementée, c’était bien le seul visage connu et amical dans cette assemblée hostile. Elina se plaça entre le seigneur de la tour et l’hémicycle, faisant face aux autres Princes des Portes. Elle inspira un grand coup. Plus vite tu commences, plus vite ce sera fini. Le courage coula dans ses veines aussi surement que le pouvoir qu’elle pouvait stocker. La française inspira encore une fois, décidant d’affronter le regard des Princes. Le premier mot fut le plus dur. Puis les autres coulèrent, limpides et tous aussi fluides les uns que les autres. Elle raconta tout ce qu’elle avait vu, senti. Ce qui l’avait amenée à transgresser la règle qui la maintenait en vie.

Pourquoi elle était venue signer son arrêt de mort en ouvrant une Porte dans le District.

Il fallait qu’elle le raconte, qu’elle leur transmette la gravité de la situation.

Il fallait qu’ils comprennent pour empêcher que Tero ne détruise les univers. Tant pis pour moi, songea-t-elle sincèrement. Elle n’avait aucune importance au milieu de ce système immuable. Elle ne représentait même pas une poussière face à lui. Mais aujourd’hui sa parole pouvait surement assurer la survie de cet infini qui surplombait les mondes. Lorsque son récit s’acheva, Elina se sentit épuisée, comme si elle avait couru un marathon. Les Princes des Portes la toisaient toujours.

— Et elle vit encore après ça ?

Brianne s’était de nouveau levée.

— Darion, ne me dis pas que tu…

Un autre Prince venait d’imiter la femme en robe noir. Elina se retourna vers son hôte, cherchant une protection auprès de lui. Son assurance des dernières minutes s’échappa aussi vite qu’elle s’était présentée, laissant la française tremblante de peur.

— J’ai fait ce qu’il fallait pour nous tous, déclara-t-il.