mardi 19 novembre 2013

[extrait] Grèves chapitre 10

Un petit extrait pour la route ;)
Thibaut et Jack se sont retrouvés contraints de combattre des envoyés de l'esprit de l'été. Heureusement Ambre, Firinian et Kiera (une mystérieuse fae que Thibaut a rencontré quelques temps heures avant) viennent leur prêter main forte. Après le combat, la zone dans laquelle ils étaient réintègre le monde normal.
(au fait, Marika est le nom de la ville des faes).

Un nouveau tremblement nous fit chanceler. En regardant tout autour de moi, j’eus l’impression que l’entière création allait s’effondrer, que le sol allait se fracturer sous nos pas. J’avais beau savoir qu’il n’en était rien, ces idées continuaient à tourbillonner dans ma tête. Ambre glissa sa main dans la mienne mais je ne sus dire lequel de nous deux rassurait le plus l’autre. Avec son arme dans l’autre menotte, elle semblait si assurée mais en même temps, elle me crispait autant la paume que moi la sienne. Un fracas épouvantable provenait de tout autour de nous, comme si le parc de la Pépinière avait été un morceau de terre arraché au sol qui revenait à sa place initiale. Soudain, me tenir le bras ne fut plus suffisant. Ma copine et future femme se lova dans le creux de mes bras, je la laissais faire. Pourtant, encore une fois, la savoir présente, sentir sa chaleur à mes côtés, me rassurait surement plus qu’elle. Un bruit de verre brisé puis de roche broyée retentit de toute part, le sol continuant à vibrer. Même le ciel avait pris une teinte rose-violacée, contrastant avec le gris, couleur naturelle des cieux en Lorraine.
— Tu ne trouves pas que ça fait surréaliste, me glissa Ambre avec calme.
La remarque me fit sourire encore plus. Vu comme ça, avec un certain détachement, c’était vrai que cela pouvait conférer une certaine féérie au phénomène. Alors que le monde semblait s’effondrer autour de nous, nous en étions à disserter sur la beauté de l’instant, ensemble, réunis malgré nos différents ultérieurs.
— Je suis désolé pour tout à l’heure, en ai-je profité.
— La prochaine fois, essayes de ne pas me protéger, rétorqua malicieusement la vétérinaire. Tu t’en sortiras mieux.
J’étais sceptique sur ce point mais rien ne servait à ressasser le passé. Une dernière secousse mit fin au conflit autant qu’à l’isolement du parc. Déjà, les gens réapparaissaient, reprenant leur chemin comme si rien ne s’était passé. Ils marchaient ou courraient dans les allées sans se soucier de nous. Un gardien nous fit signe de partir, les animaux en libertés étant apparemment interdits en ces lieux. Il me fallut quelques minutes pour comprendre le sens de ses mots puis me souvint que Firinian devait apparaitre comme un banal chaton. Mieux valait parfois que les gens ignorent la vérité. D’un commun accord tacite, nous avons quitté le jardin pour reprendre le chemin de la ville. Le simple fait de passer les grilles du parc me fit réintégrer le tumulte d’un centre-ville un jour de soldes. Le son et le stress revinrent en force alors que l’instant d’avant, ils étaient inexistants, même sans la bulle dimensionnelle des faes. La magie qui opérait était surement l’une des rares qui soit admise ; celle d’une nature omniprésente, d’une source intarissable reprenant ses droits et s’imposant sans craintes. Notre petit groupe a marché pendant quelques minutes, traversant la place Stanislas pour ensuite délaisser ses dorures et se diriger vers la grande rue. Pendant notre trajet, j’ai profité que Jack et moi marchions un peu moins vite pour l’interroger sur Kiera. Les mystères entourant l’elfe me perturbaient profondément et j’avais le sentiment qu’elle serait liée au dénouement de ce problème d’été en grève et de fées en colères.
— Qui est elle réellement, ai-je demandé ?
— Kiera ?
L’esprit de l’hiver a haussé les épaules avec simplicité, marquant une pause dans le discours qu’il n’avait pas encore prononcé.
— C’est la fae de l’équilibre.
— ça n’explique pas qu’elle puisse apparaitre et disparaitre à tout moment.
J’étais sceptique. D’autant plus que le laconisme de mon sosie ne m’apprenait rien de plus que je ne sache déjà.
— Ce qu’elle t’a dit est vrai : Elle peut jouer avec la nature de l’espace.
Ça me semblait en contradiction avec sa fonction. Comment pouvait-on s’efforcer de garantir l’équilibre si l’on jouait en permanence avec lui, quitte à le transgresser en utilisant ses dons ? A mes mots, Jack gloussa d’un rire léger mais peu audible, de telle sorte que ni Ambre ni la concernée ne nous entendirent. Cependant, dès qu’il reprit la parole, son ton redevint sérieux.
— L’instabilité se répercute sur son mental. Plus elle trompe la réalité régulièrement, moins elle devient fiable. Son travail est d’arrêter les faes qui mettent en péril notre communauté mais la vérité est qu’elle est la plus dangereuse d’entre nous pour ça.
La curiosité prit alors le dessus par rapport à mon anxiété concernant l’elfe.
— Qu’est ce qui se passe dans ce cas ?
Jack lança un léger coup d’œil en direction des deux femmes puis reprit, plus bas et beaucoup plus grave.
— N’importe quoi. Toutes les grosses crises mondiales sont plus ou moins reliées à elle. Si l’équilibre est rompu, sa détresse se communique à n’importe quel être vivant, sous n’importe quelle forme. Agressivité, peur de l’autre, crash économiques, mécontentement global… Tout y passe.
Encore une fois, les maux du monde semblaient de nouveau être forcément liés aux dérivées d’un fae. J’avais beau savoir qu’ils s’attachaient tous à éviter de tels désastres, je ne pouvais m’empêcher de penser que leur contrôle avait des effets néfastes pour les mortels. Soudainement, j’avais moins envie de titiller l’elfe qui s’était invitée à ma table et encore moins de lui réclamer les cinq euros que j’avais avancés pour payer son cocktail.
— Vous avez une drôle de façon de confier vos hautes responsabilités à Marika…
Jack haussa les épaules. Il n’était pas vraiment responsable de tout cela, sa flemme mis à part. Cependant, il embraya très vite sur un autre sujet.
— Je suppose que c’est elle qui t’a dit que je devais affronter Lola ?
— Oui.
J’ai profité de l’occasion pour lui raconter tout ce que je savais sur ce problème de grèves de l’été : la poudre onirique, l’esprit des rêves, la consommation de sa cochonnerie par les fées et la saison fautive… En l’espace de quelques minutes, je lui résumais ma conversation avec Kiera, à la fin desquelles mon sosie s’arrêta, laissant les filles prendre encore plus de distance.
— Elle n’a pas tort…
Mécaniquement, j’ai acquiescé de nouveau. Pourtant, je me doutais que Jack n’allait pas se résigner sans rien faire. Ça ne lui allait pas. Il faisait partie de ces personnes qui luttaient jusqu’au bout pour se complaire dans leur état. Il fallait qu’il combatte pour son idéal de procrastination !
— Mais ?
Un long silence s’abattit entre nous.

— J’ai peur d’y aller.


Pour ceux qui m'ont taggués récemment pour une chaine, je m'occuperais de répondre à ça un peu plus tard mais je répondrais ^^

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