mardi 2 avril 2013

[extrait - Derrière la tour] Chapitre 20

Petit extrait du chapitre 20 concernant Alois, le meilleur ami du frère de Cylia où Elina apprend qu'il ne faut pas se fier aux apparences...

Alois n’avait pas menti lorsqu’il avait accepté de mettre ses services à disposition des deux jeunes femmes envoyées par Darion. Dès l’instant où celles-ci lui avaient donné les informations nécessaires, le silneran s’était empressé de les transmettre à ses collaborateurs. A vrai dire, Elina ne s’attendait pas le moindre instant à une telle réactivité et n’imaginait pas comment Alois pourrait contacter son réseau.
Il l’avait tout bonnement surpris.
Certes, Silnera ne disposait pas encore d’une technologie permettant un contact immédiat entre deux personnes mais la française avait négligé un autre aspect. Elle avait trop tendance à songer au monde de Cylia comme une version de la Terre à l’époque victorienne. Cependant, elle en oubliait trop souvent que les silnerans détenaient tous des pouvoirs magiques. Bien qu’ils soient très limités, beaucoup des habitants trouvaient un travail en relation avec leurs facultés. Qu’il existe des télépathes capables de transmettre des messages à distance n’aurait jamais dû l’étonner. Et pourtant… Alois avait fait venir l’un de ses collaborateurs qui s’était chargé de transmettre la description des créatures de Tero ainsi que d’Ambrose. L’appel avait résonné dans tout Silnera, transitant auprès de chaque membre du réseau attaché à l’ami du frère de Cylia. Alors qu’ils attendaient des réponses, Elina s’interrogeait sur l’ascension du jeune homme dans son monde. Il ne paraissait pas si âgé que cela, à peine 25 ou 30 ans. Comment pouvait-il diriger un réseau pareil à lui seul ? Comment avait-il réussi à s’attacher les services d’autant de personnes ? Les questions tourbillonnaient dans la tête de la terrienne tandis qu’elle comprenait de plus en plus qu’elle aurait tort de négliger cet homme. Il était peut être l’une des personnes les plus puissantes de Silnera après certains dirigeants et Darion lui-même. Pourtant, Elina ne parvenait pas à comprendre l’attitude d’Alois. Il ne cherchait pas à renverser le gouvernement en place, bien qu’il en détienne le pouvoir. Au contraire, il continuait à offrir les services de son réseau, vendant des informations à qui les souhaitait. Lorsqu’elle évoqua ce point avec Cylia, celle-ci l’éclaira un peu plus.
— Al n’a jamais souhaité de trop grandes responsabilités, avait-elle murmuré.
Bien que son ami ait quitté la pièce et ne puisse pas les entendre, la silnerane persistait à chuchoter, comme si elle craignait d’être entendue. La Qualifiée lui expliqua alors qu’Alois avait toujours rêvé de vivre une grande vie. Mais venant de la plèbe, il ne détenait pas les moyens de ses rêves. Cherchant à gagner un argent facile, il s’était engagé sur une voie peu recommandable après s’être fait remarquer à cause de son pouvoir : contrôler un des éléments du climat lui avait offert une place de choix dans un gang de Darionsmine.
— Après deux ans, il est parti en voyage, continua Cylia. On raconte qu’il a traversé le monde entier. Lorsqu’il est revenu ici, son ancien chef de gang a essayé de le reprendre sous sa coupe… Mais Alois s’était attaché les services de beaucoup de gens partout à Silnera.
Elina hocha la tête. La suite semblait évidente et lorsque son amie la raconta, elle ne fut pas étonnée du tout : Le jeune homme aux allures oisives avait réussi à prendre la place de son ancien supérieur grâce aux alliés qu’il s’était fait pendant ses voyages. Depuis, son réseau n’avait jamais cessé de s’étendre.
— Même s’il vit la vie dont il rêvait quand Nathan et lui étaient gosses, Al aime trop l’aventure pour l’abandonner.
La pièce manquante du puzzle s’inséra, offrant à la terrienne une compréhension des éléments qui motivaient Alois à leur rendre service. Bien plus que l’argent, l’appel du danger l’attirait comme le miel attirait les mouches. Lorsqu’il revint dans le salon, Elina posa un autre regard sur lui. Elle ne voyait plus en lui un homme oisif qui détenait du pouvoir sans le comprendre mais un opportuniste avide d’aventures. L’argent n’était qu’un prétexte, il suffisait de regarder ses yeux pour le comprendre : ils brillaient de mille feux alors que les envoyées de Darion lui avaient annoncé que la situation n’avait jamais été aussi critique.

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