Petit extrait du chapitre 20 concernant Alois, le meilleur ami du frère de Cylia où Elina apprend qu'il ne faut pas se fier aux apparences...
Alois
n’avait pas menti lorsqu’il avait accepté de mettre ses services à disposition
des deux jeunes femmes envoyées par Darion. Dès l’instant où celles-ci lui
avaient donné les informations nécessaires, le silneran s’était empressé de les
transmettre à ses collaborateurs. A vrai dire, Elina ne s’attendait pas le
moindre instant à une telle réactivité et n’imaginait pas comment Alois
pourrait contacter son réseau.
Il
l’avait tout bonnement surpris.
Certes,
Silnera ne disposait pas encore d’une technologie permettant un contact
immédiat entre deux personnes mais la française avait négligé un autre aspect.
Elle avait trop tendance à songer au monde de Cylia comme une version de la
Terre à l’époque victorienne. Cependant, elle en oubliait trop souvent que les
silnerans détenaient tous des pouvoirs magiques. Bien qu’ils soient très
limités, beaucoup des habitants trouvaient un travail en relation avec leurs
facultés. Qu’il existe des télépathes capables de transmettre des messages à
distance n’aurait jamais dû l’étonner. Et pourtant… Alois avait fait venir l’un
de ses collaborateurs qui s’était chargé de transmettre la description des
créatures de Tero ainsi que d’Ambrose. L’appel avait résonné dans tout Silnera,
transitant auprès de chaque membre du réseau attaché à l’ami du frère de Cylia.
Alors qu’ils attendaient des réponses, Elina s’interrogeait sur l’ascension du
jeune homme dans son monde. Il ne paraissait pas si âgé que cela, à peine 25 ou
30 ans. Comment pouvait-il diriger un réseau pareil à lui seul ?
Comment avait-il réussi à s’attacher les services d’autant de personnes ?
Les questions tourbillonnaient dans la tête de la terrienne tandis qu’elle
comprenait de plus en plus qu’elle aurait tort de négliger cet homme. Il était
peut être l’une des personnes les plus puissantes de Silnera après certains
dirigeants et Darion lui-même. Pourtant, Elina ne parvenait pas à comprendre
l’attitude d’Alois. Il ne cherchait pas à renverser le gouvernement en place,
bien qu’il en détienne le pouvoir. Au contraire, il continuait à offrir les
services de son réseau, vendant des informations à qui les souhaitait.
Lorsqu’elle évoqua ce point avec Cylia, celle-ci l’éclaira un peu plus.
—
Al n’a jamais souhaité de trop grandes responsabilités, avait-elle murmuré.
Bien
que son ami ait quitté la pièce et ne puisse pas les entendre, la silnerane persistait
à chuchoter, comme si elle craignait d’être entendue. La Qualifiée lui expliqua
alors qu’Alois avait toujours rêvé de vivre une grande vie. Mais venant de la
plèbe, il ne détenait pas les moyens de ses rêves. Cherchant à gagner un argent
facile, il s’était engagé sur une voie peu recommandable après s’être fait
remarquer à cause de son pouvoir : contrôler un des éléments du climat lui
avait offert une place de choix dans un gang de Darionsmine.
—
Après deux ans, il est parti en voyage, continua Cylia. On raconte qu’il a
traversé le monde entier. Lorsqu’il est revenu ici, son ancien chef de gang a
essayé de le reprendre sous sa coupe… Mais Alois s’était attaché les services
de beaucoup de gens partout à Silnera.
Elina
hocha la tête. La suite semblait évidente et lorsque son amie la raconta, elle
ne fut pas étonnée du tout : Le jeune homme aux allures oisives avait
réussi à prendre la place de son ancien supérieur grâce aux alliés qu’il
s’était fait pendant ses voyages. Depuis, son réseau n’avait jamais cessé de
s’étendre.
—
Même s’il vit la vie dont il rêvait quand Nathan et lui étaient gosses, Al aime
trop l’aventure pour l’abandonner.
La
pièce manquante du puzzle s’inséra, offrant à la terrienne une compréhension
des éléments qui motivaient Alois à leur rendre service. Bien plus que
l’argent, l’appel du danger l’attirait comme le miel attirait les mouches. Lorsqu’il
revint dans le salon, Elina posa un autre regard sur lui. Elle ne voyait plus
en lui un homme oisif qui détenait du pouvoir sans le comprendre mais un
opportuniste avide d’aventures. L’argent n’était qu’un prétexte, il suffisait
de regarder ses yeux pour le comprendre : ils brillaient de mille feux
alors que les envoyées de Darion lui avaient annoncé que la situation n’avait
jamais été aussi critique.
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